« C'EST L'HISTOIRE DE LA VIE »

« DANS LA VIE, CONTRAIREMENT AUX ÉCHECS, LA PARTIE CONTINUE APRÈS ÉCHEC ET MAT »

« Tu es prête ma chérie ? » Juliette se retourne doucement, elle n’avait pas entendu sa mère entrer dans la chambre. L’air semble tout d’un coup pénétrer ses poumons avec plus de puissance comme s’ils avaient été ôtés d’un poids. Un grincement brise le silence religieux qui avait empli la pièce. Le lit, elle avait toujours dit qu’il fallait en acheter un autre, celui là était bien trop vieux. Mais son grand-père était contre, trouvant que c’était un achat inutile. Un vide immense s’empara de son cœur comme d’un trophée. Une douleur anesthésiante s’abattit à nouveau sur elle. Cela venait par vagues, la surprenait au moment le moins opportun, détruisant sans résistance la moindre de ses défenses. Un regard au radio réveil lui apprit qu’elles étaient déjà en retard, qu’elle ne pouvait rester immobile plus longtemps. Elle avait beau essayer, elle n’arrivait plus à trouver comment se lever, avait-ce seulement un but ? Elle avait l’impression de nager parmi les ombres, toutes plus féroces les unes que les autres. Sa mère emplit son champ de vision, Juliette eut un vague aperçu de ce dont elle avait l’air dans ses prunelles. Elle cligna des yeux et sentit une larme quitter le cocon protecteur de ses paupières pour rejoindre les autres. Celle-ci termina sa chute sur le doigt de sa mère qui l’essuya tendrement. Juliette releva la tête pour la regarder, d’énormes ombres cernaient ses yeux bleus aussi tristes qu’un jour de pluie. C’était égoïste, de rester prostrée ainsi, sans aucun doute, elle n’était pas la seule à souffrir de cette absence mais elle ne pouvait faire plus d’efforts, celui de se lever chaque matin étant déjà bien suffisant. « Pourquoi les gens meurent maman ? » C’était une question rhétorique, elle en connaissait déjà la réponse mais un besoin intense de briser le silence s’était imposé. Sa mère comprit et elle se contenta de prendre sa fille dans ses bras et de la serrer aussi fort que possible. Elle lui avait toujours dit qu’en enlaçant quelqu’un, on lui donnait un peu de sa force, et tout son amour. C’est sans doute ce dernier qui lui donna la force de se lever, de surmonter cette douleur, cette perte, cette peur de l’inconnu. Il lui faudrait apprendre la vie sans l’avoir à ses côtés, juste continuer, encore et encore, survivre pour se rendre compte qu’un jour, on vit.

«CELUI QUI VEUT TIRER DES ENSEIGNEMENTS DE SES ERREURS DOIT CHAQUE JOUR APPRENDRE A SURMONTER SES CRAINTES »