« Tu peux aller te faire foutre et m'oublier… Oh pardon, NOUS oublier ! » Je suis une ordure, un mec sans avenir, un mec sans morale. Ces paroles n'étaient pas les miennes mais celles de ma copine, ou plutôt ex. Une erreur monumentale, car celle-ci oubliait volontairement ou non de prendre sa pilule. Elle ne s'inquiétait pas, pensant que cela n'arrivait qu'aux autres, que rien de tel ne pouvait lui tomber dessus. Quelle idiote ! Et moi quel con ! Je m'étais laissé berner par sa beauté. Qu'espérait-elle de moi ? Me voir rester auprès d'elle ? Je n'avais aucune raison de le faire. « Ne t'en fais pas ! Je ne veux rien savoir de lui, ni même le reconnaître. Tu peux même avorter si tu le souhaites. » Je disais l'aimer, baliverne. Elle me donna une claque, et laissa couler deux ou trois larmes. M'aimait-elle donc sincèrement ? Pauvre demoiselle… Elle ne méritait pas de tomber sur un mec comme moi, elle méritait d'être heureuse. Elle m'aimait et elle allait me détester. Inutile de vous dire qu'elle me traita avec des noms d'oiseaux, et qu'elle cita les bons moments qu'on avaient passé l'un avec l'autre, histoire de me faire culpabiliser ? Hum, elle parlait inutilement mais elle insista. Putain, elle était chiante. « Tu disais m'aimer, mais tu ne le pensais pas, hein ? » Elle remontait dans mon estime, elle semblait moins idiote. Elle me rabâcha notre rencontre, nos bons moments. Elle n'oublia pas de dire qu'elle m'avait accueilli chez elle alors que mon père m'avait foutu dehors. Qu'elle m'avait sorti de la merde, de l'alcool, des embrouilles avec la police. Qu'elle m'avait rendu meilleur avec le temps… mais qu'elle s'était trompé. Elle m'avait tiré des emmerdes, en tombant amoureuse de moi. Elle m'insulta encore, concluant ensuite avec un : « Sors de chez moi, sors de ma vie. » Elle me poussa vers la porte d'entrée, continuant ses insultes. En plus elle rabâchait les mêmes. Je souriais en me laissant traîner vers la sortie. Une dernière insulte acheva notre relation. Je ne l'ai pas revu, ni notre bâtard.

« Putain Ezio ! J'en ai marre ! Marre de tes conneries, de TOI ! » Ma sœur. Elle me hurlait dans les oreilles, du moins mon mal crâne ne m'aidait aucunement dans une telle situation. Elle me faisait sans cesse la morale, mais elle perdait son temps. Je lui mentais en lui disant des serments ne tenant pas la route. Elle n'était pas dupe, mais elle espérait peut-être. « Ok. J'arrête. » Je pensais être capable du meilleur pour elle, mais non. Je me trompais sur mon compte. « Je ne te crois pas Ezio ! Je ne te crois plus ! Tu oses encore me mentir ? Je suis ta sœur bordel, ta sœur ! » Ses mots me faisaient mal. Je n'aimais pas cela. Je n'aimais pas être faible. Elle me ramenait au bercail, conduisant dans les rues. Elle connaissait les moindres recoins de sa ville natale, de notre ville natale. « Tu n'as donc rien de bon en toi ? » Je lui donnais raison. Ma sœur ne me détestait pas, elle ne me méprisait pas, elle souhaitait seulement me rendre meilleur. Me rendre un cœur et une âme. Ses mots me faisaient encore mal. Je me les ressassais dans ma tête, encore et encore. Bordel ! Je n'avais aucune raison d'être un salaud, d'être un connard, d'être une ordure, d'être ce mec sans aucune morale. Mais ma vie me donna une raison de l'être. Elle m'a baisé, elle m'a brisé, elle m'a volé ma sœur, elle m'a privé de son sourire, de sa voix, de ses manies. Elle conduisait sous l'emprise de la colère, une colère qu'elle alimentait contre moi. Sa vie s'arrêta au coin d'une rue. Putain d'intersection. Putain d'automobiliste.