Napoleon D. MachiavelAdmin
| Sujet: Captif . PV . Nausicaa Mar 15 Juin - 10:27 | |
| When angels deserve to die A ses pieds : l'étang marécageux. Le croassement des grenouilles, les battements compulsifs des libellules, le clapotis de l'eau, le vent dans les roseaux, doucement, se mêlent et s'emmêlent. La cacophonie sauvage obéit à son chef d'orchestre divin. Les émanations nauséabondes de la surface stagnante ne gâchent rien. Au contraire. Elles ajoutent cette touche qui extirpe une scène hors du temps, hors des gens. Il s'assoit sur le tapis vert et humide qui l'encercle. Ses doigts à même le sol, s'enfoncent dans la terre boueuse et froide. Dans son dos, le soleil pique sa nuque. Dans cet environnement grouillant : il se fige. Lui : l'humain : l'erreur dans cet écosystème. Longtemps après qu'il soit parti, lui, sera là. Indéniablement différent mais sensiblement le même. Avec sa chaîne alimentaire, ses lois naturelles qui sonnent si cruellement à l'humanité. Plus haut, un amas de nuages aux cheveux grisonnants, menacent. Leur ventre tonne. Brièvement, ils éclairent les environs avant de propager leur ombre. Leur front sue. La pluie est fine et éparse. Sur sa peau, elle tiédit presque instantanément. Puis, la sueur devient larmes. Des larmes grosses et denses. Il se relève, déjà trempé. Le sol, moins stable menace de le happer entièrement. La veste sur sa tête, il s'avance vers le rebord. Un bocal dans la paume, le couvercle dans l'autre, il piège une libellule. Son corps bleu, luit. La chose faite, il s'empresse de gagner le plus proche refuge : la nef du couvent. Le silence solennel qu'impose les lieux, lui ôte la vie. La religion. Ni contre, ni pour, il se contente de savoir son existence et de l'ignorer. Le bruit de ses semelles mouillées sur le bitume n'ont personne à déranger. Les bancs, l'autel, sont dépeuplés. Il s'assoit sur l'un des premiers, pose sagement la captive à ses cotés. Il éternue. |
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