« LA VIE N'EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE »Je m'appelle Theodore Ewen Vanderwood, 20 ans depuis le 4 Mai. Je vais à présent te raconter mon histoire, comment je suis arrivé ici entre les murs du Couvent San Marco, loin de mon Angleterre natale.
Alors, pour commencer, je suis le fils de Roxanne Elena Vanderwood, ma mère, qui possède une grande compagnie immobilière, qui se passe de génération en génération depuis des années. Quant à mon père, c'est un avocat de renom, vous avez sûrement déjà entendu parler de lui, il s'agit de Charles Gabriel Vanderwood. Mais eux, entre le boulot et leurs histoires, je ne les vois pas beaucoup, et à vrai dire, à mes yeux, ce sont presque des inconnus. J'ai aussi une petite sœur, qui a deux ans de moins que moi. Je l'apprécie beaucoup, même s'il nous arrive d'avoir quelques différents. J'habitais jusque-là à Oxford, dans une immense maison avec piscine et les domestiques qui vont avec, bourré de tune quoi, et je ne m'en cachais pas, loin de là. En fait, j'ai grandi avec une petite cuillère en argent dans la bouche, et c'est qu'on s'habitue plutôt vite au luxe ! J'ai toujours eu ce que je voulais, et j'avoue être devenu un peu prétentieux, mais je n'y peux rien. Et puis, lorsque je n'étais encore qu'au lycée, j'organisais les soirées les plus branchées de toute la ville chez moi, alors que mes parents se rendaient en voyages d'affaires. De l'alcool, de jolies filles, de la drogue, de la bonne musique, tout était là pour qu'on s'amuse comme des fous, et rien ne manquait pour que mes fêtes soient parfaites. J'en ai aimé ces soirs-là des gonzesses, et je ne saurais vous dire combien, je me suis arrêté de compter à vrai dire. Et puis, la mademoiselle Vanderwood était elle aussi toujours de la partie, et je la trouvais de plus en plus resplendissante. A là là, cette jeunesse dorée avait décidément tout pour plaire ! Et j'étais loin de m'imaginer ce qui allait m'arriver !
Entre deux heures de cours, je séchais, corrompant comme d'habitude l'administration de l'établissement pour échapper de biens ennuyeuses leçons. Je commençais de plus en plus de cette daube, et pas que pour m'amuser lors de mes soirées, enfin, vous voyez ce que j'veux dire, et c'est la que commencèrent les ennuis. On m'avait conseiller un petit dealer à la bonne réputation dans l'un des lotissements miteux de la banlieue d'Oxford. Après avoir pris le bus, je descendais au dernier arrêt puis marcher d'un pas nerveux à la rencontre de mon homme. Je fus assez surpris, c'était un jeune homme d'à peu près mon âge, adossé à un mur, en train de fumer sa clope. Il ne semblait pas bien gros, c'est cheveux étaient aussi noirs que les tatouages qui recouvraient ses avant-bras que laissaient dépassés les manches retroussées de sa chemise à carreaux. Il portait un slim noir, et avait l'air sur de lui. D'ailleurs, il me lança d'un ton assez provocateur :
« Tu t'es perdu le blondinet ? » Non mais, pour qui se prenait-il ? Je suis quelqu'un qui monte assez vite sur ses grands chevaux, il allait voir de quoi j'étais capable.
« Comment tu m'as appelé là ? Il me semble qu'on ne se connait pas, non ? Alors ne me parle pas comme tu viens de le faire ou ... » Il lui coupa la parole :
« Ou quoi ? Si tu es venus ici, ce n'est pas pour rendre visite à ta grand-mère, et si tu veux ce que tu es venu cherché, reste un peu tranquille et gardes tes distances. » J'étais un peu rassuré d'avoir trouvé le bon type dans le pâté de maison, mais je n'étais pas au bout de mes surprises.
« OK, bon, t'as ce qu'il me faut ? » Je m'étais radouci, il n'y avait pas vraiment de quoi s'énerver.
« Ouai, ouai, j'ai ce qu'il faut, t'inquiète. » Je sortis l'argent et nous fîmes l'échange. Je retournais ensuite sur mes pas et rentrais directement chez moi.
Et puis, je vis mon petit dealer de plus en plus fréquemment. Et puis, il devint presque un ami. Un jour, alors que je me rendais pour la énième fois sur le territoire de mon fournisseur, il me donna la moitié de ce que je lui avais demandé. Dans un excès de colère, je lui demandais :
« Tu te fous de moi là ? J'fais comment pour ma soirée !? » Il me regarda d'un air assez menaçant, noir, puis me lança :
« Le fils à papa se met en colère ! Il est au courant ton papounet chéri ? » Il me prit par le col du manteau et me plaqua contre le mur assez violemment, puis reprit, recrachant une bouffée de cigarette qu'il était en train de fumer :
« Ça serait bête de s'engueuler, t'sais j'taime plutôt bien même. » Il lâcha prise, et je repris doucement mes esprits, je pris ma marchandise et rentrais chez moi, un peu perdu. Le beau brun m'avait toujours paru dur, un peu sauvage mais sûr de lui. Je ne connaissais rien de son histoire, mais je me doutais qu'elle n'avait pas toujours été toute rose, loin de là même. Puis, alors que je le rendais encore une fois visite, il m'embrassa fougueusement. Ce jour-là, il ne prononça pas un mot et me donna ce que je voulais sans commentaire. Inutile de vous dire que je l'évitai pendant un long moment, sonné par son attitude. Mais, après un long moment d'absence, je revins vers lui. Il se trouvait toujours au même endroit, fidèle à ses habitudes. C'est lui qui commença à parler, il parlait calmement, contrairement à d'habitude :
« Chui désolé pour la dernière fois. » J'étais un peu en colère, mais au fond, je lui avais déjà pardonner. Et pour cause, nous sortîmes ensemble pendant plusieurs mois, même si cela n'avait rien de très officiel, car je n'avais pas l'habitude d'officialiser les choses. Nous apprîmes à nous connaître, et nous devînmes quasi inséparables, indissociables. Une relation étrange, que peu de personnes comprenaient, mais on s'en foutait royalement. Jusqu'au jour où je fis une grave erreur, il était chez moi, on était déjà torse-nu sur le canapé, et enfin, vous voyez. Ce que je ne savais pas, c'est que ma mère avait écourté son séjour aux États-Unis pour affaires, et qu'elle rentrait plus tôt. Vous imaginez sa rage, me voir avec un garçon, dans sa maison, de plus, peu fréquentable, elle ne pouvait pas l'accepter. Le pire, fut quand elle découvrit la poudre blanche tout droit sortie du blouson de mon copain. Ce fut simple, elle me mit à la porte, sans un rond, mes comptes furent vidés et je me retrouvais sans toit. Il me proposa alors de vivre avec lui, dans un appartement de sa banlieue, loin de ma grande villa avec plus de chambre qu'il n'en faut pour une famille de quatre personnes. Et encore, je ne vous ai pas raconté le pire de mon histoire ...
C'était un jour de Décembre, je l'accompagnais pour vendre ce qu'il avait à vendre, comme d'habitude. Un gars assez costaud vint vers nous et demanda ce qu'on avait à vendre. Il lui répondit, et lui tendit un sachet, mais l'homme se tira encourant. Furieux, il lui courut après, et là, il entreprit de lui casser la figure. Au loin, j'aperçus les gyrophares de la police, je le poussais et lui disais :
« Tire toi, vite, tire toi j'te dis ! » Il me regarda, impuissant :
« Et toi ? J'peux pas te laisser là ! » « P'tain, casse toi j'te dis ! Mes parents me sortiront d'affaire ! » A ma voix, il comprit qu'il ne servait à rien de riposter, et c'est ainsi que je me retrouvais au couvent.