« TITRE DE MON HISTOIRE »

Parfois je me regarde dans le miroir et je me demande ce que je serais sans lui. Je pense que je serais vide, complètement perdue. C'est peut être pourquoi je supporte jour après jour ces regards. Certains sont désolés, d'autres me font clairement comprendre qu'ils me trouvent niaise et que je leur fais pitié. Heureusement, il y a aussi ceux qui ne juge pas, et ceux qui y sont indifférents. Je ne connais que lui. Lui depuis trois ans, lui en haut de la liste. Ces regards qui jugent, finalement, je m'en fou. Parce qu'il va peut être parfois voir ailleurs, mais la numéro un c'est moi, & que sans lui je serais vide : c'est ça qui compte, non ?

Parfois je me mens à moi même. Parfois je ferme les yeux, je m'allonge dans l'herbe et je souris. Je souris jusqu'à ce que ce putain de sourire forcé devienne réel, naturel. Vous croyez que c'est facile d'accepter certaines choses ? De vivre dans l'ombre d'un petit ami quasi libertin, dans l'ombre de parents réputés dans la littérature ? Vous croyez qu'ils ont facilement accepté d'avoir une fille faisant des études scientifiques alors qu'ils ne jugeait que par les littéraires ? Non, je ne suis pas malheureuse, mais parfois j'aimerais qu'il n'y ai que du silence. J'aimerais que mes parents soient fiers de moi, que je suffise à l'homme que j'aime. J'aimerais revenir à mes seize ans quand mes lèvres se sont posées contre les siennes pour la première fois, quand nos corps se sont unis pour la première fois, quand nos désirs étaient assouvis ensemble ... & qu'on se suffisait. On m'a déjà demandé pourquoi je comme lui alors ? Parce que moi aussi, j'en ai besoin. Parce que moi je sais que le jour où il sera de nouveau tout à moi, je serais de nouveau tout à lui. Même si je pense que cela nous détruit.

Je ne comprend pas pourquoi je met tout ceci sur papier. On s'en fou non ? M'enfin, y'a cette foutue nonne qui me jette des coups d'oeil toutes les deux secondes. Parfois, même, elle me passe derrière le dos pour surveiller mes écrits. Non, non, je n'ai pas utiliser le mot "SEX". Oups. Bref, elle m'embête, elle veut que j'avoue ma venue ici. Pourtant je dois bien être l'une des seules à en avoir conscience, à savoir que j'ai un problème. Je suis pyromane. Ca a commencé alors que j'avais quatre ans. Enfin, mon père jure que mon premier mot fut "flamme", mais allez savoir s'il raconte la vérité ou pas. Bref; à quatre donc, mes parents m'ont retrouvé hypnotisée face à la bougie, le regard rivé sur la flamme. Elle me fascinait, et ils avaient beau m'appeler et tenter de communiquer avec moi : j'étais ailleurs, je ne les entendais pas, j'étais émerveillée. D'ailleurs, c'est toujours le cas aujourd'hui. Une flamme et j'oublie tout, même si ma meilleure amie se noyait à trois mètres de moi. Evidemment, c'est avec le temps que ça c'est empiré. Au départ c'était les poubelles avec des potes, jusqu'à ce qu'ils me lâchent : je voulais toujours plus, et même eux ils commençaient à flipper. Après, ce fut les voitures, les entrepôts. Bref, après un dernier feu énormissime pour une grosse boite internationale, on m'a enfin envoyé ici. Croyez le ou non, mais je suis assez discrète pour normalement ne pas me faire prendre la main dans le sac. Si je suis ici, c'est juste pour le retrouver. Parce que je crois en lui, je crois encore en nous. & puis, ça me fait une pause dans les études, enfin, s'ils me relâchent un jour ... (a)