« LISTEN TO THE SOUND FROM DEEP WITHIN »

▬ 17 yo ; your innocence is mine. Les mains fines de la blonde dévoraient avec avidité les courbes féminines et délicates de sa partenaire. Elle était belle, brune, tremblante et s’offrait naïvement aux doigts avertis de Zita. La jeune fille avait l’habitude, elle perfectionnait cet art vicieux et déstabilisant qu’est la séduction, mais, plus encore, c’est chez les personnes de son propre sexe qu’elle faisait ses armes. Chez les autres jeunes filles, celles que l’on dit « hétérosexuelles », celles que Zita n’est pas censée avoir. Ce soir là, sa douce victime se nommait Luna. « Tu sais ce que tu fais? » demanda nerveusement la brunette dont les femmes n’étaient visiblement pas le pain quotidien. « Fais moi confiance… » murmura Zita à voix basse. Son timbre s’était élevé délicatement alors qu’elle s’afférait à joncher le coup gracieux de sa partenaire de caresses langoureuses. Puis, d’un baiser sucré et rassurant elle éteignit les doutes de la belle Luna.

▬ 19 yo ; why can't you love me ? « Je ne suis pas malade, Maman ! » clama Zita avec peine. En bons chrétiens, ses parents refusaient catégoriquement l’idée d’avoir, sous leur toit, une telle pécheresse. « Tu dois te faire soigner et racheter tes péchés Zita! Ce n’est pas comme ça que nous t’avons élevée. Tu dois te faire soigner! » Sa mère marqua une pause en croisant les bras autour de son buste élancé. « Nous t’aiderons, je refuse de te laisser corrompre le reste de notre famille. Dieu t’accordera le Pardon, mais tu dois te repentir et te battre contre cette maladie démoniaque. Ne sois pas aveugle. » Zita fit quelques pas de recul, outrée, puis elle toisa la femme qui lui faisait face avec malveillance. « Tu veux préserver ta famille ? Très bien! Cracha-t-elle. Mais ton putain de Dieu, c’est des conneries! » Puis, armée de culot elle avança de nouveau jusqu'à sa mère pour chuchoter à son oreille : « Oui, j'aime les femmes. Et je les aime encore plus quand je suis entre leurs cuisses » siffla-t-elle par pure provocation. La matriarche ne manqua pas de s'offusquer mais Zita continua. « Quelle déception ... N'est ce pas ? De toute manière, ce cirque catholique n'a jamais été pour moi. » C'était la dernière fois qu'elle adressait la parole à un membre de sa famille, et elle le savait.

▬ 21 yo ; it's a sad, sad world.« C’est quoi l’intérêt de tout ça? » demanda Matteo, le colocataire de Zita. L’intéressée jeta un regard perplexe au jeune homme en lui demandant silencieusement d’expliciter sa question. «  ... Tu sais … Je veux dire, ne jamais te poser. Jongler entre les hommes et les femmes, disparaitre après une nuit … » La belle afficha un sourire amusé avant d’aller rejoindre son ami sur le sofa. « Tu voudrais que je fasse quoi d’autre? Que j’attende mon âme sœur pour vivre heureuse toute ma vie? Demanda-t-elle avec un cynisme tranchant. On sait tous que ça existe pas. On est pas foutu d’aimer quelqu’un d’autre que nous-mêmes. Les gens sont juste trop lâches pour l’admettre alors ils se jettent dans les bras de tout le monde et finissent par chialer bêtement parce qu’ils ont le cœur brisé …. » Elle soupira en haussant les épaules. « Y a pas d’intérêt, mais y a pas de perte non plus. » souffla-t-elle avec indifférence. Mattéo afficha soudainement une moue sérieuse, le genre d’expression que la belle savait dangereuses. « C’est toi qui est lâche dans l’histoire. Je suis sûr qu’au fond t’en meurs d’envie! » Zita secoua la tête. « Non. » Affirma-t-elle, piquée au vif. Il avait raison pourtant. Elle en brûlait d’envie, à en crever, terriblement. Mais jamais elle ne l’avouerait, Ô grand jamais elle ne se ferait esclave de sentiments incertains et destructeurs. « Joue pas les psy Mat, tes suppositions sont à chier! » siffla-t-elle en lui envoyant un coussin au visage.

▬ 23 yo ; caught! « Encore toi Locci? » râla le policier qui passait devant les cellules de garde à vue. Zita s'était battue pour la énième fois sur son lieu de travail. S’en était à se demander comment elle faisait pour ne pas se faire virer. « Les cellules doivent être à ton goût. » remarqua-t-il alors qu’il embarquait l‘adversaire de la belle blonde pour prendre sa déposition. L’homme d’une trentaine d’année arborait quelques bleus sur le visage et une ouverture causée par une bouteille sur le sommet du crane. Zita, quant à elle avait la lèvre fendue, deux ou trois côtes douloureuses et des marques sur le cou. « Mais non, je m’arrange juste pour venir vous voir. Vous me manquiez trop … » soupira-t-elle, dégoulinante d’ironie. Le policier ne se désempara pas, il savait que bientôt elle n’aurait plus le dernier mot.

6 heures plus tard. « Dans un couvant ? C’est une blague ?! » s’énerva Zita, plantée devant un responsable, toujours au commissariat. « On a porté plainte pour coup et blessure contre vous à plusieurs reprises, vous avez été contrôlée deux fois en possession de produits illicites et on ne compte plus les plaintes pour tapage nocturne. L’agent releva les yeux de son dossier. Ca pourrait être pire mademoiselle, vous feriez mieux de faire profil bas. »